lundi 14 février 2011

Un Hart Ross volé à Sidney Crosby


Pour une rare fois, Hors jeu, qui vous a habitué à plonger dans le passé, se permet une petite incursion dans la fiction.

Ce matin au réveil, j'attrape La Presse et je regarde le classement des marqueurs de la LNH en page 8. 
Daniel Sedin trône au sommet et son frère Henrik vient au troisième rang. On imagine combien les Sedin auraient dominé la ligue l’année passée si Daniel n’avait pas manqué autant de parties. Entre les deux jumeaux, Steven Stamkos, dont la production s’essouffle un peu après un début de saison flamboyant. 

Ce qui frappe le plus, c’est la présence de Sidney Crosby au huitième rang, lui qui n’a pas joué depuis plus de deux mois. Ça montre bien la domination outrageuse que Sid the Kid était en voie d’imposer à la Ligue. 
Crosby jouait enfin à la hauteur des attentes fondées en lui. Aussi dominant qu’un Gretzky, Richard ou que le propriétaire de son équipe, Mario Lemieux. Hargneux, déterminé à gagner chaque partie, Crosby comptait enfin des buts à profusion, lui qui nous avait habitué à être plus un passeur qu’un buteur auparavant. 
Le succès de l’expérience olympique a semblé galvaniser sa détermination, lui qui avait pourtant connu un tournoi discret avant de compter le fameux but gagnant qui l’a fait passer à l’histoire.
Seul Steven Stamkos, qui connaissait un début de saison phénoménal, semblait vaguement capable de l’empêcher de gagner le trophée Hart Ross alloué au meilleur compteur de la ligue. Crosby était en voie de devenir un véritable virtuose du hockey qui valait le prix d’entrée à lui seul. Le Kid semblait tout simplement trop fort pour la ligue. Et puis…

Et puis, il y a eu David Steckel. 

Steckel, un colosse, a frappé Crosby à la tête lors de la Classique hivernale disputé au Heinz Field de Pittsburgh devant un auditoire américain record. La Ligue nationale de hockey a réussi à créer un véritable happening de ce match annuel joué le premier de l’an. Les Américains, qui ont du hockey une image qui ressemble au rollier derby, ont été témoins du gâchis qui a probablement mis fin à la saison de leur principale attraction.

Des suspensions qui ne viennent pas
Rien ne prouve que le coup de Steckel était prémédité. En conséquence, la Ligue ne l’a pas suspendu. La Ligue ne suspend presque jamais personne pour un coup à la tête. Elle a envoyé réfléchir Joe Thornton pour deux matchs alors qu’il avait clairement contrevenu aux règlements sur les coups à la tête en mettant fin à la saison du jeune et prometteur David Perron, un joueur beaucoup plus petit que lui.

La Ligue, par contre, suspend Sean Avery pour plusieurs matchs parce qu’il avait tenu des propos désobligeants envers la petite amie du chouchou du Canada anglais, Dion Phaneuf. Cette même ligue avait suspendu Rick Nattress pour la moitié de la saison parce qu’il avouait avoir consommé du cannabis.

Que ce serait-il passé si…
Personne, sauf ses parents, n’est allé voir un match pour voir David Steckel. La perte de Crosby, par contre, est lourde. Reviendra-t-il cette saison? Comment sera son niveau de jeu? Redeviendra-t-il un jour la grande vedette qu’il était en voie de devenir? Quand sera-t-il à nouveau victime d’une autre commotion cérébrale et sera-t-elle pire que la précédente?
Avons-nous assisté au match qui a changé la carrière de Sidney Crosby promise à devenir un des 10 plus grands joueurs de l’histoire de notre sport national en un très bon joueur fragile?

Nous ne saurons probablement jamais ce qu’il serait advenu de Crosby si cette brutale collision avec Steckel ne lui avait pas fait manquer une grande partie de la saison. Tout au moins, on ne le saura pas de sitôt. En attendant, on peut se ruer aux guichets pour voir David Steckel dans son nouvel uniforme des Devils.

L’argent mène le hockey
On ne prétend pas que Steckel avait planifié de frapper Crosby, mais la ligue doit à tout prix protéger ses vedettes et aurait dû suspendre Steckel, que le coup soit accidentel ou non. Les joueurs comprennent mieux lorsqu’on les prive de leur salaire. Malheureusement, compter sur la LNH pour raisonner ses joueurs, c’est rêver en couleurs. Selon la ligue, les Américains ne suivraient plus les activités de la LNH si on enlève l’élément violence. On le voit bien dans l’affaire Pacioretty et Chara. La Ligue préfère les clics sur son site web que lui procurent les bagarres et les accidents spectaculaires. Il lui est alors plus facile de trouver des annonceurs pour son site web.

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