Arthur Bugs Raymond était né à Chicago, mais il était de descendance francophone comme plusieurs joueurs dans le baseball majeur au début du siècle. En 1900, près de 8% des joueurs du baseball majeur* étaient francophones.
Il a joué brièvement pour les Tigers de Detroit en 1904 qui l’ont ensuite retourné aux ligues mineures où il a appris à maîtriser un nouveau lancer: la balle mouillée. Grâce à cette nouvelle arme, il a pu revenir dans les grandes ligues avec les Cardinals de St.Louis en 1907.
Sa fiche avec les Cards en 1908 n’a pas été très reluisante —15 victoires, 25 défaites—, mais il n’en était pas moins leur meilleur lanceur. Il avait obtenu une moyenne de points mérités de 2,03, la dixième meilleure de la Ligue nationale et avait retiré 145 frappeurs au bâton, le quatrième plus haut total de la ligue.
Durant cette saison, il lança cinq blanchissages et accorda moins de coups sûrs en moyenne par match que celui qui allait devenir son coéquipier l’année suivante, le légendaire Christy Mathewson des Giants de New York, qui pourtant avait cumulé une fiche de 37 victoires et 11 défaites en 1908.
Sa fiche s’explique partiellement du fait que les Cardinals avaient été blanchis à 11 reprises alors Raymond était au monticule.
Raymond avait hérité du surnom Bugs —Insecte en français, mais dans son cas, cela signifiait «une araignée au plafond»— à cause de son comportement loufoque au monticule. À Charleston, dans les mineures, il avait même quitté le monticule en marchant sur les mains. Christy Mathewson, dans son livre Pitching in a Pinch (1910), le mettait dans un classe de lanceurs à l’humeur changeante, faciles à déconcentrer avec d’autres lunatiques notoires comme Rube Waddell, le lanceur vedette des As de Philadelphie.
Malgré tout ce talent, Bugs n’a eu qu’une très courte carrière au baseball majeur. Il en était chassé en 1911 par le légendaire gérant des Giants de New York, John McGraw qui le considérait comme un des meilleurs lanceurs qui ait jamais lancé pour son équipe. Arthur Raymond était un alcoolique incorrigible.
Le rude McGraw avait pourtant tout essayé pour corriger Raymond. Il l’avait mis à l’amende plusieurs fois, au point de faire en sorte qu’il n’ait plus un sous pour acheter son alcool. Rien n’arrêtait la soif de Raymond. Il vendait l’habit que l’équipe lui fournissait pour un modèle moins cher et buvait la différence. Il vendait les paquets de cigarettes que la direction de l’équipe lui donnait. Il signait des passes donnant accès au stade à des serveurs de bars en échange d’un drink.
Exaspéré, McGraw avait engagé un détective pour le suivre à la trace, mais rien n’y fit. Un bagarre éclata entre les deux hommes et l’ancien policier infligea un «oeil au beurre noir» à Raymond. Le lanceur alla s’en plaindre à son entraîneur qui le frappa à l’autre oeil. Dégouté, le détective donna sa démission.
McGraw aussi démissionnât sur l’incorrigible Raymond lors d’un match contre Pittsburgh. McGraw avait demandé à Raymond de se réchauffer dans le but de l’envoyer en relève en cinquième manche, mais lorsque l’entraîneur fit appel à ses services, Bugs avait quitté le stade pour aller au saloon le plus près. L’alcoolisme avait triomphé de sa carrière. Bugs avait perdu son dernier appui.
Son coéquipier, Rube Marquard, déclarait; «Bugs a beaucoup bu et, parfois, il semblait que plus il buvait, mieux il lançait. On disait qu’il ne crachait pas sur sa balle, mais que le souffle de son haleine suffisait à la saouler.»
Raymond mourut l’année suivante à l’âge de 30 ans d’une hémorragie cérébrale à la suite d’une bagarre d’ivrognes où il eu le crâne fracassé de plusieurs coups de bâton de baseball.
* L’histoire du baseball au Québec sur l’excellent site de SABR Québec.
Voyez la fiche de Raymond dans les majeures en cliquant ici.
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