jeudi 23 juin 2011

Maurice Richard brise les coeurs

Dans nos innombrables lectures de documents anciens, il existe des perles qu’on se doit de partager. Nous vous proposons donc un article hilarant publié dans le journal Parlons Sports, édition du samedi 31 janvier 1959. Il s’agit d’une lettre écrite au journaliste Conrad Bernier qui tenait la chronique du courrier des lecteurs. Nous la transcrivons intégralement; cela se passe de commentaire tellement le texte est incroyable:

«Monsieur Conrad Bernier,

C’est un mari heureux qui vous écrit, un mari qui goûte d’autant plus la joie de son foyer et l’amour de son épouse qu’il a failli les perdre. Tout ça à cause d’une gentillesse que je fis à mon épouse, lors d’une visite à Montréal, l’an dernier. Je l’amenai au Forum pour assister à une joute de hockey dans laquelle Maurice Richard eut le bonheur, pour lui, mais le malheur, pour moi, de compter le but vainqueur. Ma très chère épouse fut tellement frappée de la vigueur, de l’énergie, du talent, de la moribolance, quoi!, de ce cher Maurice qu’elle ne put s’empêcher de le comparer à moi. 

J’ai aussi 37 ans. Mais peut-être parce que le travail de bûcheron est plus épuisant et exige plus d’énergie, surtout d’un «scéneux» comme Maurice, je suis un homme fini. Mon visage contracté par l’effort a perdu la beauté de ses 20 ans, les rhumatismes me font le dos un peu rond, et, surtout, je n’ai plus d’endurance au travail. Imaginez si j’eus un désavantage énorme dans la comparaison de mon épouse. 

Elle en vint à négliger tout son travail pour s’asseoir et rêver à lui. Je dus, malgré mon modeste salaire, lui acheter un appareil de télévision pour qu’elle puisse revoir son «cher» Maurice, comme elle le disait si bien, et l’abandonner à tous les journaux sportifs. Inutile de vous dire que, depuis l’été, elle ne lit plus Parlons Sports, mais ce n’est guère une économie puisque c’est moi qui ne puis m’en passer. Par mesure de représailles de n’être pas joli et fin comme son Maurice, elle me refusa même quelques plaisirs légitimes: madame ne voulait pas perpétuer une race de déchus de mon espèce.

J’étais au désespoir et bien près de faire des folies, lorsque, par hasard, je trouvai la photo de Maurice Richard que vous trouverez ci-joint. Je la montrai à ma femme en lui disant: «Tu me compares à Maurice Richard, mais t’es-tu déjà comparée à ces beaux moineaux avec lesquelles il semble bien s’entendre…» Ce fut le coup de foudre, la réconciliation avec un homme laid et maladroit, mais bien à elle. Depuis, l’harmonie règne au foyer et Richard doit soustraire une unité à la somme de ses «femmes infidèles»…

Si je vous écrit, Monsieur Bernier, c’est pour vous donner un moyen de combattre les «femmes» de Maurice en publiant cette photo dans votre journal ou bien en la faisant circuler parmi les maris désespérés. Bonne chance dans cette lutte. J’ai trouvé le truc. Je vous prierais de ne pas publier mon nom et mon adresse par crainte de reprise des représailles. Depuis cette visite au Forum, je suis devenu un admirateur des Bruins de Boston. Pouvez-vous en parler un peu plus et publier une belle photo de Bronco Horvath et de Don Simmons. Merci à l’avance.»

Votre femme est secrètement amoureuse de Maurice Richard? Allez-y. Imprimez cette scandaleuse photo et montrez-lui.

mardi 21 juin 2011

La rondelle du but marqué par Bobby Orr en vol plané



MISE À JOUR
On vous avait parlé du commerçant Len Pottie qui avait apporté la rondelle du but qui avait donné la Coupe Stanley aux Bruins de Boston en 1969-70 au Salon des collectionneurs de Montréal. Il s’agit probablement de la scène la plus mémorable de l’histoire des séries de la Coupe Stanley où on voit Bobby Orr célébrer son but les bras dans les airs en parallèle avec la glace après que le défenseur des Blues, Noël Picard, l’ait fait trébucher.
Bobby Orr faisait la promotion de plusieurs marques.
Ici, une publicité pour les produits de rasage Black Label
parue dans le magazine Perspectives en octobre 1973.

D’où vient cette rondelle
Pottie était de nouveau au Salon cette année comme à toutes les années. Nous avons profité de son passage à l’expo pour lui demander d’où il tenait cette fameuse rondelle et l’histoire qu’il a raconté était fascinante.

Len Pottie a acheté cette rondelle parmi un lot d’un collectionneur qu’il connaissait bien; un vieux client. C’est Len lui-même qui lui avait vendu cette rondelle. Cette fois, l’homme cherchait à vendre sa collection entière. Il trouvait preneur pour certaines pièces particulières, mais jamais pour la collection entière d’un seul coup. Pottie se doutait bien qu’il recevrait un jour un appel.

L’appel est venu et Len connaissait très bien la qualité exceptionnelle de l’énorme collection que l’homme tentait de vendre; il lui avait lui-même vendu une grande partie de ces pièces dont cette célèbre rondelle.

Pottie savait que peu d’acheteurs pouvaient s’offrir la collection entière et il s’attendait à ce que son client éprouve ces difficultés à vendre une si belle collection. Après une longue conversation, il lui dit: «Je suppose que vous avez une idée du prix que vous souhaitez obtenir de la collection entière». Le vendeur lui répondit dans l’affirmative. «Alors je vous ferai une offre», répondit Pottie.

Les deux convinrent d’une procédure au téléphone. Chacun de son côté préparait l’envoi d’un courriel sur lequel ils écrivaient leurs prix et l’envoyait simultanément.

Le vendeur avait préparé son courriel avec une somme qui dépassait le million et, au signal, les deux hommes ont appuyé sur le bouton Envoyer le message.


Pottie a reçu le courriel qui annonçait la somme que l’homme souhaitait recevoir et lui recevait au même moment un courriel sur lequel il était simplement écrit: «You've got a deal» (J’accepte votre offre). À ce moment, Len Pottie est redevenu propriétaire de la rondelle du but marqué par Bobby Orr.



Des commentaires? Des suggestions? N’hésitez pas à nous écrire. 

lundi 20 juin 2011

Les maudits arbitres (2e partie)

Nous vous avions parlé précédemment d’un arbitre qui avait évité le lynchage de peu à Québec en 1895 ( voir Les maudits arbitres).

Dans la série finale de la Coupe Stanley de 1927-28 entre les Sénateurs d’Ottawa et les Bruins de Boston, l’arbitre du quatrième match n’a pas eu autant de chance. Le match était officié par le Docteur Laflamme — il était vraiment médecin — et son adjoint Billy Bell. Les Bruins devaient à tout prix gagner les deux derniers matchs de cette série disputés à Ottawa car les trois premiers matchs s’étaient terminés par deux parties nulles et une victoire des Sénateurs.

Ce match sans lendemain était rude et les arbitres ont vite perdu le contrôle de la partie lorsque le défenseur des Bruins, Lionel Hitchman, et Ed Gorman des Sénateurs se sont mis à échanger des coups de bâton. L’échange est resté impuni et les joueurs des deux équipes ont décidé de régler leurs comptes.

Le robuste joueurs de centre des Sénateurs, Hooley Smith, avait promis d’avoir la peau d’Eddie Shore, la vedette des Bruins. Il a levé son bâton et a frappé violemment le tête de celui qu’il croyait être Eddie Shore sauf qu’il s’agissait de Harry Oliver, un joueur pacifique des Bruins qui n’aurait jamais fait de mal à une mouche. Laflamme, encore une fois, n’a signalé aucune infraction sur le jeu.

Shore, lui-même un joueur très robuste marqué par les arbitres, se tenait juste derrière Smith. L’idée de lui fracasser le crâne à son tour lui a traversé l’esprit, mais il s’est retenu. Il a plutôt assené une taloche bien sentie derrière la tête de Smith et, cette fois, Laflamme a décidé de sévir. Les deux joueurs ont reçu des pénalités mineures.

Art Ross et Lionel Hitchman
Au banc des Bruins, l’entraîneur Art Ross, était furieux et hurlait en demandant des explications à l’arbitre. Comment pouvait-il n’accorder qu’une simple mineure à Hooley Smith qui s’était presque rendu coupable de tentative de meurtre?

Laflamme et les Bruins n’en étaient pas à leurs premières démêlées. Frank Frederickson, le premier centre des Bruins racontait: «Nous avons perdu le match et la Coupe. Après la partie Art Ross, toujours furieux, nous a réunis dans le vestiaire et a dit: «Le premier qui attrape l’arbitre aura droit à une prime de 500$».

Laflamme a rapidement été entouré de gilets jaunes et bruns alors qu’il se rendait à son vestiaire sous les estrades de l’aréna. Billy Coutu, un robuste défenseur qui avait été capitaine du Canadien auparavant, lui a assené trois bons coups de poings. L’arbitre s’est effondré et a été victime des attaques des autres joueurs des Bruins, toujours furieux. Billy Bell, le collègue de Laflamme, a tenté de s’interposer et, à son tour, un joueur des Bruins l’a envoyé au plancher.

Le propriétaire des Bruins, Charles F. Adams, était lui aussi en colère d’avoir vu l’arbitre ruiner ses chances d’amener la Coupe à Boston. Il couru sous les estrades pour s’en prendre à son tour à Laflamme. Il n’eut pas cette chance. Quand il arriva sur les lieux de l’incident, c’était pour voir l’arbitre qui volait dans les airs, expulsé de l’aréna par ses joueurs.

Adams décida quand même d’offrir un bonus de 10 000$ à ses joueurs pour leur tenue dans les séries, une somme colossale pour l’époque. Billy Coutu fut tenu responsable de l’émeute et il fut expulsé de la LNH par le président Frank Calder. Dans l’enveloppe que lui remit Adams, il y avait son chèque de 10 000$ et un autre de 500$, confidentiel, celui-là.

Tiré de Eddie Shore and that Old Time Hockey de C. Michael Hiam.

vendredi 17 juin 2011

Gilles Gratton, beau-fils de Gordie Howe

Gilles Gratton a gardé les buts des Nationals d’Ottawa et des Toros de Toronto dans l’AMH de 1972 à 1975. Il avait refusé de signer avec les Sabres de Buffalo qui l’avaient repêché en 5e ronde. L’équipe de l’AMH lui offrait trois fois plus d’argent pour y jouer. 

En 1975-76, il a finalement joué dans la Ligue nationale de hockey avec les Blues. Il n’y a joué que six matchs et il s’est retrouvé avec les Rangers l’année suivante pour 41 matchs où il partageait la tâche de gardien avec John Davidson. Ce fut l’essentiel de sa modeste carrière professionnelle, mais pourtant son spectaculaire masque de félin est exposé dans l’entrée du Temple de la renommée du hockey à Toronto.

Gratton avait malgré tout connu du succès avec les Toros de Toronto au point d’être invité à joindre la cuvée 1974 d’Équipe Canada qui disputait à son tour une série de huit matchs face aux Soviétiques. Cette série était disputée deux ans après la légendaire Série du siècle où Paul Henderson avait tranché le débat en comptant le plus célèbre but de l’histoire du hockey canadien.

L’équipe canadienne qui jouait dans cette série de 1974 était composée uniquement de joueurs appartenants à l’Association mondiale de hockey. Gilles Gratton, alors avec les Toros de Toronto, servait de substitut à Gerry Cheevers dans les buts. Même si l’alignement canadien ne se comparait pas à celui de la Série du siècle, plusieurs bons joueurs composaient l’équipe malgré tout: Jean-Claude Tremblay, Pat Stapleton, Frank Mahovlich, Réjean Houle, John McKenzie, Ralph Backstrom, Bobby Hull et plusieurs autres. Paul Henderson, qui jouait maintenant lui aussi pour les Toros, était le seul joueur à participer à ces deux séries face aux Soviétiques.

Un relation privilégiée avec Gordie Howe
Une des attractions principales dans cette série était la présence de trois joueurs des Aeros de Houston: Gordie Howe et ses deux fils, Marty et Mark. Gilles Gratton a bien connu le légendaire Gordie Howe puisqu’il a fréquenté de sa fille pendant un an. 


La plupart des joueurs qui jouaient lors de cette série était assez âgés en comparaison à Gratton et aux enfants de la famille Howe, ce qui fait qu’ils se sont beaucoup côtoyés pendant la tournée. Gordie et lui ont même été co-chambreurs.

«Gordie avait beaucoup d’humour, un vrai pince-sans-rire. J'avais envoyé mes vêtements au nettoyage à l’hôtel et, lorsqu’ils étaient revenus, il était inscrit Grappon plutôt que Gratton sur l’étiquette du nettoyeur. Gordie avait bien ri et me narguait souvent en m’appelant Grappon», racontait le cerbère.

Une force effrayante
L’ex-gardien des Toros était très impressionné par la force phénoménale de Gordie Howe. «Je n’ai jamais rencontré quelqu’un de plus fort que lui. Ses bras étaient de véritables tronc d’arbres», nous racontait Gratton. «Il faisait peur à tous les autres joueurs qui jouaient toujours du bout de la palette face à lui malgré son âge», disait-il à propos de son ex-coéquipier. 

«Lors d’un match disputé à Moscou dans la série de 1974, son fils Mark avait été violemment frappé par un joueur russe, le numéro 6, si ma mémoire est bonne*. Le choc avait été tellement dur que Mark Howe, totalement dans le cirage, s’était rendu au banc des Russes qui avaient dû le repousser pour qu’il rejoigne le bon banc», poursuit-il. Gordie avait pris le numéro du Russe en mémoire. 

«J’étais assis tout près de Gordie et je regardais sa réaction. Il n’avait pas bougé ni dit un mot. Il attendait le moment propice, ça se voyait et je le suivait des yeux à chaque présence sur la glace. Puis, environ dix minutes après le dur plaquage du joueur russe sur son fils, le moment est venu de régler ses comptes. Gordie s’est approché du numéro 6 et il a légèrement levé le bâton. Il lui a assené un coup sec et violent qui lui a cassé le bras net. Le bâton a à peine fait un mouvement d’un pied. Les arbitres n’ont rien vu et le Russe est retourné au banc le bras ballant, cassé en deux», disait Gratton les yeux remplis d’admiration.

Vieillissant, li faisait peur même dans l’AMH
Un soir où les Toros rencontraient les Aeros, j’ai vu jusqu’à quel point Howe intimidait les autres joueurs. J’ai eu la surprise de voir le vieux Gordie, 47 ans, se frayer un chemin entre mes deux défenseurs qui l’avaient laissé passer de crainte de goûter à son légendaire coup de coude. Me voila seul avec Gordie Howe en échappée! Heureusement, j’ai réussi l’arrêt», racontait Gratton. 
Après le jeu, Howe s’est approché doucement et lui a murmuré à l’oreille: «Nice save, Grappon».


Vladimir Petrov, un ailier sur le redoutable premier trio de l’équipe russe, portait le numéro 6. Les autres membres du trio étaient Valery Kharlamov et Boris Mikhailov.

jeudi 16 juin 2011

Brad Marchand a eu le dernier mot sur Max Pacioretty

La vengeance est douce pour Brad Marchand. Max Pacioretty s’est peut-être moqué de son nez, mais Marchand aura eu le dernier mot. Les Bruins ont amplement mérité cette Coupe et Brad a été un de leurs meilleurs joueurs.
Hors Jeu vous offre cette photo des gagnants de la Coupe malheureusement un peu cachée par le nez de Marchand…