dimanche 4 mars 2012

La persévérance de Julien Brouillette, des Bears de Hershey


Le hockeyeur Julien Brouillette joue à la défense pour les Bears de Hershey, filiale des Capitals de Washington dans la Ligue américaine.

Il est natif de Saint-Esprit, village de moins de 2000 habitants dans Lanaudière, à 30 minutes au nord de Montréal. Il est officiellement le premier joueur de cette petite localité à jouer un match de la Ligue nationale de hockey. Il s’agissait peut-être seulement d’un match hors concours face aux Blue Jackets de Colombus, mais Julien a dû faire un long et courageux parcours pour y arriver.

À tous les niveaux, Julien a dû prouver à ses entraîneurs qu’il méritait leur confiance. Il n’a jamais eu la chance d’être le premier repêché ou d’avoir un poste assuré lorsqu’il changeait d’échelon. À chaque fois, il a largement dépassé les attentes mises en lui. 

Un joueur modèle
Attentif, appliqué et dévoué, ses entraîneurs n’avaient pas à répéter pour qu’il leur donne satisfaction. Julien est un vrai joueur d’équipe et excelle lorsqu’on lui confie une mission précise comme celle de surveiller les meilleurs joueurs de l’équipe adverse ou d’animer l’attaque à cinq. Lors de son stage junior, il avait souvent la mission de surveiller Sidney Crosby ou Alexander Radulov. 

Ses plus grandes qualités de joueur de hockey sont son sens de l’anticipation, son intelligence au jeu et sa vitesse. «Au début, son coup de patin laissait à désirer, mais il y a tellement travaillé qu’aujourd’hui, c’est devenu un de ses principaux atouts. Ça lui a sûrement permis de gravir les derniers échelons», déclarait Alain, son père.

Il a débuté dans l’élite au niveau Pee Wee, mais c’est avec les Saguenéens de Chicoutimi lors de la saison 2003-2004 qu’il est vraiment devenu un joueur connu. Il a joué quatre saisons avec les Sags dans une période faste de cette équipe au riche héritage. Son passage avec l’équipe coïncide avec l’arrivée de l’entraîneur Richard Martel qui demeurera en poste plusieurs années. Julien, Francis Verreault-Paul, David Desharnais, aujourd’hui avec le Canadien de Montréal, et d’autres joueurs deviendront les piliers de l’équipe qui connaît un regain de vie et offre aux partisans une période mémorable.

De solides rivalités naissent; d’abord avec l’Océanic de Rimouski, une puissance de la Ligue junior majeure du Québec à ce moment à cause, notamment, de la présence de Sidney Crosby dans leur alignement, et ensuite avec les Remparts de Québec où Patrick Roy fait ses débuts comme pilote.

Patrick Roy et ses Remparts
On se rappellera que la guerre entre les Remparts et les Saguenéens était féroce, qu’elle remplissait les gradins des deux arénas et qu’elle avait donné lieu à de graves débordements. L’agression du gardien substitut des Remparts, Jonathan Roy, le fils de l’entraîneur des Remparts, sur le gardien Bobby Nadeau des Saguenéens avait fait couler beaucoup d’encre.

Au terme de son stage junior, comme son bon ami David Desharnais, il ne sera pas repêché et doit débuter sa carrière professionnelle dans la East Coast League. Il participe à plusieurs camps d’entraînement et fait successivement partie de plusieurs équipes dans les villes de Colombia, Charlotte et Greenville.

Il aura finalement ses premiers essais dans la Ligue américaine, dernier échelon avant la LNH. D’abord à Providence, équipe école des Bruins de Boston, ensuite Hartford, celle des Rangers de New York, puis à Lake Erie où il obtiendra du succès avec le club ferme de l’Avalanche du Colorado.

Il devient un des piliers des Monsters de Lake Erie, mais l’Avalanche refuse de s’engager à lui donner l’opportunité de se faire valoir au camp de la LNH alors il profite de son statut de joueur vedette pour signer un contrat de deux ans avec les Bears de Hershey, l’équipe école des Capitals de Washington.

Les Capitals lui donnent finalement la chance de mettre les patins sur une glace de la LNH. Il participe au camp des Capitals et joue aux côtés des Ovechkin, Semin et Backstrom. Il ne croyait pas avoir la chance de disputer un match présaison, mais son rêve s’est réalisé face aux Blue Jackets de Colombus. «Julien pensait faire partie des premières coupures. Tout ce qu’il souhaitait, c’était de faire bonne impression. De faire en sorte qu’on se rappelle de lui», nous disait sa mère avec émotion.

Sa persévérance aura finalement payé. Un matin en rentrant dans la chambre des joueurs, il est allé consulté le tableau avec la crainte d’être retranché, mais il a plutôt vu son nom sur la liste de ceux qui participaient au match suivant. Il ne s’agissait que d’un match préparatoire, mais c’était aussi un premier pas dans la grande ligue, un précédent qu’aucun autre de ses concitoyens n’avait réussi. 

Où s’arrête le rêve?
Julien s’est donné dix ans pour vivre sa carrière de hockeyeur professionnel. Nul ne sait jusqu’où son rêve l’amènera. Peut-être ira-t-il poursuivre sa carrière en Europe s’il voit que sa carrière plafonne? Mais qui sait si ce match préparatoire ne serait que le premier qu’il dispute au plus haut niveau. Après tout, il a toujours été un négligé qui s’est rapidement adapté au niveau supérieur et que se passerait s’il obtenait sa chance? À ce niveau, les joueurs de soutien comme lui se valent tous plus ou moins. Il ne s’agit que d’un entraîneur ou un dirigeant qui lui donne son soutien… Bruce Boudreau avait donné la chance à plusieurs joueurs (David Steckle, Eric Fehr, John Erskine, etc) qu’il avait eu sous ses ordres avec les Bears de Hershey lorsqu’il avait été promu entraîneur-chef des Capitals.

Peu importe où se terminera cette carrière, Julien aura été un exemple de persévérance et de courage qui inspire ses concitoyens qui lui ont rendu hommage lors d’une soirée bénéfice au profit du hockey mineur en février 2012. Voyez la vidéo présentée lors de cette soirée.

1 commentaire:

  1. Félicitations pour ce message du votre blog. Julien mérite amplement tout ce qui lui arrive. J'ai eu la chance de l'accueillir dans notre demeure durant ses 4 saisons au sein des Saguenéens et Julien restera toujours pour mon mari et moi, quelqu'un de spécial. On dit souvent qu'il est notre fils adoptif. Julien est un jeune homme réfléchi, très discipliné et persévérent. Jamais il n'a baissé les bras. Il est d'un calme exemplaire et ce n'est pas pour rien qu'il est rendu où il est maintenant. Je lui souhaite d'aller au bout de son rêve....je suis certaine qu'il y aura encore de belles surprises qui s'offriront à lui.

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