Nous vous avions parlé précédemment d’un arbitre qui avait évité le lynchage de peu à Québec en 1895 ( voir Les maudits arbitres).
Dans la série finale de la Coupe Stanley de 1927-28 entre les Sénateurs d’Ottawa et les Bruins de Boston, l’arbitre du quatrième match n’a pas eu autant de chance. Le match était officié par le Docteur Laflamme — il était vraiment médecin — et son adjoint Billy Bell. Les Bruins devaient à tout prix gagner les deux derniers matchs de cette série disputés à Ottawa car les trois premiers matchs s’étaient terminés par deux parties nulles et une victoire des Sénateurs.
Ce match sans lendemain était rude et les arbitres ont vite perdu le contrôle de la partie lorsque le défenseur des Bruins, Lionel Hitchman, et Ed Gorman des Sénateurs se sont mis à échanger des coups de bâton. L’échange est resté impuni et les joueurs des deux équipes ont décidé de régler leurs comptes.
Le robuste joueurs de centre des Sénateurs, Hooley Smith, avait promis d’avoir la peau d’Eddie Shore, la vedette des Bruins. Il a levé son bâton et a frappé violemment le tête de celui qu’il croyait être Eddie Shore sauf qu’il s’agissait de Harry Oliver, un joueur pacifique des Bruins qui n’aurait jamais fait de mal à une mouche. Laflamme, encore une fois, n’a signalé aucune infraction sur le jeu.
Shore, lui-même un joueur très robuste marqué par les arbitres, se tenait juste derrière Smith. L’idée de lui fracasser le crâne à son tour lui a traversé l’esprit, mais il s’est retenu. Il a plutôt assené une taloche bien sentie derrière la tête de Smith et, cette fois, Laflamme a décidé de sévir. Les deux joueurs ont reçu des pénalités mineures.
Art Ross et Lionel Hitchman |
Au banc des Bruins, l’entraîneur Art Ross, était furieux et hurlait en demandant des explications à l’arbitre. Comment pouvait-il n’accorder qu’une simple mineure à Hooley Smith qui s’était presque rendu coupable de tentative de meurtre?
Laflamme et les Bruins n’en étaient pas à leurs premières démêlées. Frank Frederickson, le premier centre des Bruins racontait: «Nous avons perdu le match et la Coupe. Après la partie Art Ross, toujours furieux, nous a réunis dans le vestiaire et a dit: «Le premier qui attrape l’arbitre aura droit à une prime de 500$».
Laflamme a rapidement été entouré de gilets jaunes et bruns alors qu’il se rendait à son vestiaire sous les estrades de l’aréna. Billy Coutu, un robuste défenseur qui avait été capitaine du Canadien auparavant, lui a assené trois bons coups de poings. L’arbitre s’est effondré et a été victime des attaques des autres joueurs des Bruins, toujours furieux. Billy Bell, le collègue de Laflamme, a tenté de s’interposer et, à son tour, un joueur des Bruins l’a envoyé au plancher.
Le propriétaire des Bruins, Charles F. Adams, était lui aussi en colère d’avoir vu l’arbitre ruiner ses chances d’amener la Coupe à Boston. Il couru sous les estrades pour s’en prendre à son tour à Laflamme. Il n’eut pas cette chance. Quand il arriva sur les lieux de l’incident, c’était pour voir l’arbitre qui volait dans les airs, expulsé de l’aréna par ses joueurs.
Adams décida quand même d’offrir un bonus de 10 000$ à ses joueurs pour leur tenue dans les séries, une somme colossale pour l’époque. Billy Coutu fut tenu responsable de l’émeute et il fut expulsé de la LNH par le président Frank Calder. Dans l’enveloppe que lui remit Adams, il y avait son chèque de 10 000$ et un autre de 500$, confidentiel, celui-là.
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