Dans nos innombrables lectures de documents anciens, il existe des perles qu’on se doit de partager. Nous vous proposons donc un article hilarant publié dans le journal Parlons Sports, édition du samedi 31 janvier 1959. Il s’agit d’une lettre écrite au journaliste Conrad Bernier qui tenait la chronique du courrier des lecteurs. Nous la transcrivons intégralement; cela se passe de commentaire tellement le texte est incroyable:
«Monsieur Conrad Bernier,
C’est un mari heureux qui vous écrit, un mari qui goûte d’autant plus la joie de son foyer et l’amour de son épouse qu’il a failli les perdre. Tout ça à cause d’une gentillesse que je fis à mon épouse, lors d’une visite à Montréal, l’an dernier. Je l’amenai au Forum pour assister à une joute de hockey dans laquelle Maurice Richard eut le bonheur, pour lui, mais le malheur, pour moi, de compter le but vainqueur. Ma très chère épouse fut tellement frappée de la vigueur, de l’énergie, du talent, de la moribolance, quoi!, de ce cher Maurice qu’elle ne put s’empêcher de le comparer à moi.
J’ai aussi 37 ans. Mais peut-être parce que le travail de bûcheron est plus épuisant et exige plus d’énergie, surtout d’un «scéneux» comme Maurice, je suis un homme fini. Mon visage contracté par l’effort a perdu la beauté de ses 20 ans, les rhumatismes me font le dos un peu rond, et, surtout, je n’ai plus d’endurance au travail. Imaginez si j’eus un désavantage énorme dans la comparaison de mon épouse.
Elle en vint à négliger tout son travail pour s’asseoir et rêver à lui. Je dus, malgré mon modeste salaire, lui acheter un appareil de télévision pour qu’elle puisse revoir son «cher» Maurice, comme elle le disait si bien, et l’abandonner à tous les journaux sportifs. Inutile de vous dire que, depuis l’été, elle ne lit plus Parlons Sports, mais ce n’est guère une économie puisque c’est moi qui ne puis m’en passer. Par mesure de représailles de n’être pas joli et fin comme son Maurice, elle me refusa même quelques plaisirs légitimes: madame ne voulait pas perpétuer une race de déchus de mon espèce.
J’étais au désespoir et bien près de faire des folies, lorsque, par hasard, je trouvai la photo de Maurice Richard que vous trouverez ci-joint. Je la montrai à ma femme en lui disant: «Tu me compares à Maurice Richard, mais t’es-tu déjà comparée à ces beaux moineaux avec lesquelles il semble bien s’entendre…» Ce fut le coup de foudre, la réconciliation avec un homme laid et maladroit, mais bien à elle. Depuis, l’harmonie règne au foyer et Richard doit soustraire une unité à la somme de ses «femmes infidèles»…
Si je vous écrit, Monsieur Bernier, c’est pour vous donner un moyen de combattre les «femmes» de Maurice en publiant cette photo dans votre journal ou bien en la faisant circuler parmi les maris désespérés. Bonne chance dans cette lutte. J’ai trouvé le truc. Je vous prierais de ne pas publier mon nom et mon adresse par crainte de reprise des représailles. Depuis cette visite au Forum, je suis devenu un admirateur des Bruins de Boston. Pouvez-vous en parler un peu plus et publier une belle photo de Bronco Horvath et de Don Simmons. Merci à l’avance.»
Votre femme est secrètement amoureuse de Maurice Richard? Allez-y. Imprimez cette scandaleuse photo et montrez-lui. |
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